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Publisher Description
Après mon séjour réticent au petit manoir du village, berceau de la meute Mac, le grand manoir de la citadelle m’a vu reposé et exalté tout à la fois. Jeremy m’a faite sienne à la sienne, en imprégnant ma chair de son désir. Les marques que milord Jeremy Mac a tracé dans mes paumes, scellant notre union-ou plutôt nos unions, puisqu’il m’a faite sienne quand j’ai pansé et réchappé son cousin, puis encore à la mort des fruits-pulsent et diffusent une langueur lancinante au travers de mon corps. Moi qui peux soigner d’une caresse, moi que l’eau vive purifie et guérit, moi qui de toujours avance seule, je ne peux effacer la sensation de ces coupures qui me lient à lui. Oh, les cicatrices ont disparu depuis longtemps, mais le lien qui nous unit demeure. Et puis, n’avons-nous pas passé un accord, le loup et moi ? Être sentience, mais ne pas pouvoir lire dans sa sphère, voilà le vrai drame pour moi.
Moi, Trica, je tente de survivre dans le monde de l’après-après. Sentiente récalcitrante, cheminant entre les peuples, témoin des perversions d’un monde qui se meurt, je copie les livres que je trouve pour les léguer au futur qui s’éteint. Je m’étourdis des pensées des autres en attendant de rejoindre la mer et de m’y perdre. Mes cahiers racontent ma vie à la citadelle avec Jeremy et ses cousins. L’homme-loup, qui n’a de la bête que le nom, dirige la lignée des cousins selon le code d’honneur, souvent obscur, des Mac. Seigneurs, miliciens, chasseurs et vagabonds, je ne peux lire ces hommes qui m’hébergent. Que leur offrir en échange de tout ?
Jour 12 505
J’ai passé le zénith chez les cousines qui m’ont coiffée, maquillée et parfumée. Moi qui déteste quand Jeremy me traite en fragile figurine de verre, je consens à tant d’attention, sachant qu’elle ne sera qu’éphémère. Leur enthousiasme amusé devant l’excitation des frères quand elles me dévoilent, oh bien innocemment, pour appliquer poudres et fards, cet élan de désir qu’ils ont dans le regard en me regardant, elles s’en réjouissent. Je sais que les frères reviendront ce soir s’assouvir auprès d’elles. Et elles m’ont assuré, avec beaucoup de délicatesse, m’être reconnaissantes pour ce bouillonnement des frères dont elles profitent grâce à moi. Malgré tout, je ne peux m’empêcher d’en être effarouchée.
Une des nombreuses pratiques de la meute dont je n’écrirai rien. Puisqu’il le lirait. Notre échange stipule que nous ne prendrons pas d’amants. Que lui et moi. Mais l’accord a été long à écrire. Et encore, il demeure fragile, mes rêves d’évasion se heurtant à ses inquiétudes. Mon Jérémy est-il allé quelques fois avant l’écrit assouvir auprès de quelques autres son désir de moi ? Je veux la liberté de mes mouvements, non pas pour me perdre dans d’autres bras, mais pour m’étourdir dans la citadelle et ses forêts avoisinantes. Et maintenant que l’échange nous contraint tous les deux, assouvira-t-il avec moi ce désir des autres ? Je tourne et retourne mes inquiétudes dans ma tête. Je sais ma fragilité momentanée, en partie causé par le sang qui coulera dans deux jours. Jeremy m’en avait prévenu ce matin, et pour ces choses, mon loup ne s’est pas encore trompé. Je prendrai ce cycle de femelle comme cause de mon désarroi et tiendrai mon homme à distance. Qu’il ne me sente pas penser.
Je ne veux pas tout. Je ne veux rien de moins que leur bonheur. Comment une femme seule peut-elle rendre toute une meute heureuse ? Aucune ne peut, moi moins que les autres puisque je me hérisse quand ils me couvent trop. Ne devraient-ils pas être accompagnés de femelles qui veilleraient à leurs désirs ? Une ou des femelles qui donneraient tout. Ne me revient-il pas de compenser mes manques ? Plusieurs femmes manifestent leur intérêt aux bals où nous allons, sûrement je pourrais trouver des concubines, maitresses, amoureuses ou épouses pour les combler. Une partenaire parfaite pour Jeremy. Je devrai le quitter, bien sûr. Qu’il s’assouvisse d’une autre près de moi me chagrinerait trop.