SCHUBERT une maturite precoce

   Destiné à un public amateur comme à des mélomanes avertis et des musiciens professionnels, cet ouvrage frappe par un aspect de curiosité : mesurer SCHUBERT aux plus grands noms de l’histoire musicale en comparant sa maturité précoce à celle tardive des autres.

   Quarante-cinq grands musiciens du répertoire classique, s’étendant du 16ème au 20ème siècles, de MONTEVERDI à BRITTEN et représentant la plupart des grands courants, viennent se côtoyer dans cet ouvrage pour rendre hommage au talent de composition d’un homme de 31 ans qui a créé le véritable langage du classicisme viennois. À l’instar de Beethoven, Schubert est un des piliers du Romantisme qui inspirera plusieurs maîtres autrichiens et étrangers.

   Dès l’introduction, la passion de la comparaison s’installe chez le mélomane en différenciant, de la manière la plus simple, les notions de la Précocité, du Génie et de la Maturité. Toujours dans cette même introduction, un exemple de grandeur et d’admiration s’empare de nous quant au Schubert symphoniste ayant donné naissance, à 25 ans, à une symphonie de grand calibre telle « l’Inachevée », et qui est comparé à d’autres symphonistes à savoir Haydn, Mozart, Beethoven, Berlioz, Mendelssohn, Schumann, Liszt, Gounod, Bruckner, Brahms, Bizet, Tchaikovski, Dvorak, Rimsky-Korsakov, Mahler, Rachmaninov et Prokofiev.

    Un crescendo alléchant s’installe dans la continuation du parcours en prenant connaissance des différents tableaux qui présentent, ô combien clairement et facilement, les compositeurs : alphabétiquement, chronologiquement, par pays et même une liste chronologique relative à l’âge de la mort de ces grands maîtres.

   Avec une pareille présentation, nous nous rendons compte de l’esprit analytique de l’auteur installant aisément dans notre souci de perception la globalité d’un édifice unique où chaque nom est un pilotis à sa façon mais se prêtant de concert à l’uniformité du don et de la beauté. L’auteur rend hommage à chaque maître, le présentant avec un enthousiasme adéquat — je dirais presque joyeux — dans le souci de le placer à sa juste valeur, soulignant le rôle éminent qu’il a joué.

   Puis la division s’impose : avant et après les 31 ans (âge de la mort de Schubert) et c’est là où le mélomane est frappé, presque de stuppeur, en constatant la véritable édification du répertoire  de tous ces musiciens dans une maturité tardive, même chez ceux qui ont pénétré ce monde de grandeur en bas âge. En fin de présentation de chaque compositeur et de son répertoire, le jeune SCHUBERT lui est comparé et l’on se rend compte, avec quelle évidence, de la maturité super précoce qui a habité l’auteur de tant de merveilles.

   Ouvrage de grand intérêt, il nous fait plonger dans chaque orbite qu’est notre musicien préféré pour nous présenter cet aspect particulier du jeune Viennois qui « N’ÉTAIT AU MONDE QUE POUR COMPOSER ».