Ce que les cœurs cachent

Sam, architecte désabusé et alcoolique, sillonne les rues de Paris en direction du Sacré Cœur pour assister à la messe de minuit. Il veut éviter de rester seul, se raccrocher à un peu d’humanité. En sortant de la basilique, il croise Djibril. Leurs solitudes s’entremêlent le temps d’un échange informel. À peine rentré chez lui, Sam a la surprise de découvrir une fillette sur le pas de sa porte. Désespérément muette, elle garde dans son sac un papier sur lequel ont été rédigées quelques lignes énigmatiques : l’expéditrice confie à Sam sa fille Éva et lui demande instamment de ne pas prévenir la police. Qui est-elle ? Pourquoi l’avoir choisi, lui ? Dans quel but ? L’architecte se lance alors sur les traces de l’inconnue.

EXTRAIT

C’était une journée grise et humide. Le soleil désespérait de pouvoir percer les boucliers sombres et menaçants à l’aplomb de cet étrange manège. La compétition était dans le ciel comme sur la piste. Le champion serait-il le premier à franchir la ligne d’arrivée ou le dernier à tenir sur sa bécane comme un funambule au-dessus du vide ?
Cette fois-ci, ce fut Thierry qui l’emporta. Son frère triompherait sans doute lors de la prochaine compétition. De toute façon, ils se répartissaient toujours les victoires, pour le plus grand plaisir de leur sœur Véro. Une lueur cuivrée teintait le podium. La famille Génari était si heureuse dans ce moment de partage. Vivants et complices dans les bons comme les mauvais moments. Une photographie indélébile qui ne résisterait pourtant pas à l’épreuve du temps. Quels que soient les camouflages de boue ou la soumission aux aspérités du sol, l’ordre des choses rattrape toujours les égarés et balaye les ambitions. Alors adolescents, ils ne savaient pas que trente ans plus tard, sur ces mêmes pentes, leur histoire finirait dans le sang. On a beau se prendre pour un oiseau, la terre finit par boire la vie des innocents comme celle des coupables.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Âgé de trente-neuf ans, Sylvain Faurax écrit nouvelles, poésie et roman. Cet enseignant en région parisienne se passionne également pour la photographie et la méditation. Les maîtres-mots de ses écrits ? Douceur et douleur.