Le littoral de la France Le littoral de la France

Le littoral de la France

Côtes Normandes de Dunkerque au mont Saint-Michel

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Beschreibung des Verlags

INTRODUCTION

Nul pays, en Europe, n'est, au même degré que la France, favorisé par sa situation maritime.

De la frontière belge à la frontière espagnole; des Pyrénées-Orientales à la frontière italienne, deux merveilleuses lignes côtières se développent, offrant à nos navires de faciles communications avec le monde entier.

Cinq grands ports militaires, des ports marchands de premier ordre, enfin, nombre de petites stations donnant lieu à un sérieux mouvement commercial, prouvent bien qu'il suffirait à la France de vouloir, pour tenir promptement, sûrement le premier rang dans la marine européenne.

Nous n'avons pas à rechercher les causes qui ont empêché notre pays de conquérir ce rang: l'étude en serait profondément douloureuse. Laissons à l'étranger le puéril plaisir de dénigrer nos richesses convoitées: nous avons mieux à faire. Nous devons les mettre au jour, ces richesses, notre devoir strict étant de n'en pas négliger une seule.

Voilà pourquoi l'idée d'un travail exclusivement borné à la description pittoresque, historique, utilitaire de nos rivages et de nos villes

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 maritimes ne nous a pas fait reculer... Car, si modeste qu'il puisse être, nous espérons qu'on y retrouvera le souvenir de plus d'une noble action oubliée, qu'on y reconnaîtra, tout au moins, le désir de contribuer à faire davantage aimer notre patrie.

Il nous a paru nécessaire d'ordonner rigoureusement notre étude: la route géographique naturelle nous en fournissait le moyen. Nous sommes donc parti de la limite nord, pour nous arrêter, successivement, aux lieux remarquables, soit par leur importance commerciale, soit par la beauté de leur position. Nous ne terminerons, en réalité, notre travail qu'après avoir visité en entier le LITTORAL DE LA FRANCE.

Ainsi s'expliquera le titre choisi.

Ce premier volume prend fin au Mont Saint-Michel, le superbe joyau légué par le moyen-âge.

La grande presqu'île bretonne et la Vendée nous fourniront un second volume.

Puis les autres rivages de l'Atlantique et ceux de la Méditerranée deviendront le complément de notre tâche.

Mais nous avons tort d'employer le mot «tâche». Il comporte presque toujours une idée de labeur accepté à regret, tandis que notre joie de nous mettre à l'œuvre a été grande.

Parler de la France! nul sujet n'est mieux fait pour intéresser, pour fortifier une âme française. Ce que nos annales nous apprennent avoir été accompli, nous pouvons l'accomplir encore et donner à nos travaux futurs une grandeur, un caractère de stabilité que les incessants progrès de la science permettront certainement d'atteindre.

De notre célérité dépend le succès.

Il est juste, toutefois, de constater ce que l'on a fait depuis quelques années, ce que l'on se propose de continuer dans l'avenir.

En première ligne vient l'amélioration des ports qui, au point de vue de la situation stratégique, du développement des transactions ou de la facilité d'y créer des refuges, appelaient une sollicitude immédiate. Le réseau des chemins de fer côtiers reliera, entre elles, les stations jusqu'à présent trop éloignées d'un centre pouvant stimuler leur activité.

Toutefois, plus d'une critique s'est élevée. La principale, celle qui, en apparence, procède de la raison, de la vérité, fait un tableau assez sombre de nos ressources et, au nom d'une sage prévoyance, demande l'ajournement des travaux commencés.

Il suffit pourtant, ce nous semble, d'avoir pris soin de suivre la

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 marche toujours ascendante du commerce de nos voisins et concurrents pour souhaiter, non l'arrêt, mais l'extension de travaux dont la nécessité se démontre d'elle-même.

Et n'est-ce pas le cas de se rappeler qu'un bon vieux proverbe fait cette remarque, naïve à force de sens commun:

«Qui ne hasarde rien, n'a rien!»

Seulement, ici, le hasard se réduit à peu de chose. Oui, à peu de chose. Une nation qui sut trouver avec tant de facilité la pesante rançon de la guerre, ne reculera pas devant la rançon de la paix.

L'argent demandé n'est point destiné à se stériliser entre nos mains. Tout au contraire, il doit créer une émulation féconde, mettre en œuvre des forces vives qui ne réclament rien que la possibilité de concourir à la prospérité du pays.

La philosophie du présent ne se dégage-t-elle point, lumineuse, de la philosophie du passé?

Longtemps notre génie maritime s'est brillamment affirmé. Que faisait la mère patrie pour les hardis navigateurs portant dans le monde entier la renommée de la France? Pour les colons dévoués dont le travail obstiné cherchait à maintenir le prestige du nom français?

L'histoire répond en ouvrant des pages cruelles.

Mais, si les erreurs d'autrefois furent la conséquence forcée d'une situation territoriale enviée, le temps est passé où de pareilles fautes puissent être renouvelées.

Aussi, rien ne nous surprend-il plus que d'entendre des Français dénier à leur pays les qualités et les ressources qui sont sa véritable force, qui lui ont permis de subir, sans tomber pour jamais écrasé, tant d'effroyables vicissitudes.

Rendons-nous un compte sérieux de la situation de nos ports marchands, grands et petits, nous verrons ce qu'ils sont appelés à devenir, si nous le voulons.

Les obstacles se sont vainement multipliés, une robuste vitalité les tient en échec. Qu'elle soit encouragée, aussitôt un splendide épanouissement suivra.

Nous ne pensons pas être aveuglé par l'optimisme, en croyant que nous ne manquons d'aucun élément de succès.

Nos marins sont braves, expérimentés; nos explorateurs font preuve d'une énergie d'autant plus remarquable que leurs ressources sont loin d'être à la hauteur de leurs entreprises.

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Nous n'ajouterons pas que la protection dont ils sont couverts gagnerait à se montrer moins timide.

Cependant, notre influence est réelle, et, là où nous n'avons à combattre que l'ignorance, nous triomphons constamment.

Jamais, quoique l'allégation contraire soit devenue monnaie courante, même en France, jamais peuple a-t-il laissé trace aussi profonde que celle, bien distincte encore, de notre occupation dans des colonies perdues?

Partout nous sommes bien accueillis. Notre caractère national se plie avec une facilité remarquable à toutes les situations. Et ce que nous faisons, quand des raisons politiques ne viennent pas se jeter à la traverse, prend un caractère de simplicité forte, de bonhomie, de loyauté bien propre à nous concilier les populations qu'il s'agit de disposer en notre faveur.

Les pionniers français ne s'avancent point suivis d'un train grandiose. Ils arrivent, néanmoins, à leur but. Si un catalogue absolument véridique des découvertes et des colonisations était dressé, la surprise serait immense de voir, presque à chaque ligne, briller un nom français....

Malheureusement, nous nous sommes toujours laissés éblouir par le prestige militaire. Combien se souviennent avec admiration de la riche pléiade de nos généraux, qui ignorent la gloire dont nous sommes redevables aux Prégent, aux d'Harcourt, aux Paul, aux d'Estrées, aux La Bourdonnais, aux Suffren, aux d'Estaing, aux Château-Renault, aux Valbelle.... A peine bégayent-ils les noms du grand Duquesne, de Tourville, de Jean Bart, de Duguay-Trouin.

A peine soupçonnent-ils cette autre gloire, faite toute de dévouement à la Patrie, à la science, qui entoure les noms de Jacques Cartier, le grand Malouin; de Bougainville, le spirituel gentilhomme, le marin énergique; de La Pérouse, assassiné sur un écueil océanien, après des succès chèrement achetés; de D'Entrecasteaux, qui porta si fièrement le pavillon français sur tant de rivages nouveaux ou mal connus; de Dumont-d'Urville, un de nos navigateurs les plus illustres, mais dont les merveilleux travaux doivent, surtout, à la cruelle catastrophe du 8 mai 1842 leur popularité!

Cependant pourquoi continuer une telle énumération, quand il est une autre classe d'hommes dévoués, plus oubliés encore.

Rarement nos voyageurs peuvent espérer voir leurs efforts récompensés, nous ne disons pas même par de l'argent ou des distinctions,

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 mais seulement par une attention légitime, un désir vrai de profiter de jalons souvent placés au prix des plus héroïques sacrifices.

Nous ne citerons pas de noms: ces souvenirs sont trop tristes.

Il nous suffira de copier des lignes éloquentes empruntées à un écrivain illustre[1].
[1]

La France dans ses Colonies, discours lu à la séance trimestrielle de l'Institut, le 8 janvier 1873, par M. Xavier Marmier, de l'Académie Française.

«Nous ne pouvons trop honorer ceux qui ont porté si loin et défendu si vaillamment notre drapeau. Ce n'est pourtant point par ses ardentes batailles et ses nombreuses victoires que la France a acquis une place si distincte dans l'histoire des colonisations, c'est par son esprit de justice et de mansuétude, par ses facultés d'attraction et d'assimilation.

«Elle n'a point fait de cruelles ordonnances pour obtenir la plus abondante récolte de la terre conquise; elle n'a point, pour apaiser sa soif d'or, torturé d'innocentes peuplades vaincues. Elle n'a point écrasé, ou refoulé dans de sombres régions, des millions d'honnêtes familles pour n'avoir plus à leur disputer une parcelle de leurs domaines héréditaires.

«Ah! si en pensant à tout ce que nous avons possédé et à tout ce que nous avons perdu, il ne nous est pas possible de lire sans regrets la chronique de nos colonies, nous pouvons, du moins, la lire sans remords.

«Nulle de nos souverainetés n'a fait gémir l'âme d'un Las Casas: nulle de nos coutumes n'a suscité un désir insatiable de vengeance dans le cœur d'un Montbars, et nul de nos gouverneurs n'a, par ses rapacités, enflammé la foudroyante éloquence d'un Burke et d'un Sheridan.»

GENRE
Reisen und Abenteuer
ERSCHIENEN
2019
19. Mai
SPRACHE
FR
Französisch
UMFANG
331
Seiten
VERLAG
Rectory Print
GRÖSSE
27,9
 MB

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