Poussières de Paris Poussières de Paris

Poussières de Paris

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Publisher Description

Galerie Georges Petit, exposition annuelle des femmes-artistes. Il ne faut pas frapper une femme même avec une fleur, mais pourquoi ces dames s’acharnent-elles à broyer tant de bleus et de jaunes inutiles sur tant de pavots, de bleuets, de roses et de capucines! Et je passe les œillets et les roses-trémières, et les chardons que j’oubliais (chardons, éventails, un rien comme vous voyez), toutes pauvres et innocentes corolles, toutes attristées et déconfites de se voir portraiturées, peinturlurées et exposées dans des cadres dorés ou laqués de blanc ou de vert.

Que de beaux cadres! et que de beaux noms! Des noms connus même, du moins par les maris, Brouardel, Fleury, Métra, Dampt et Séailles, et que de Madeleines, comme si toutes aspiraient à signer Lemaire. Beaucoup d’aspirations en somme, beaucoup de convictions, pas mal de prétentions et même de la sincérité; oh! cela, je n’en doute pas; l’enfer est pavé de bonnes intentions, et les toiles de ces dames en sont pleines; mais sur quarante peintresses représentées, chacune, par une moyenne de six envois, pourquoi n’y en a-t-il que trois qui m’attirent et me retiennent? Madame Madeleine Carpentier, encore une Madeleine qui fait vraiment l’aquarelle comme l’autre, même perfection de dessin, mais plus d’humidité et de moelleux dans la matière. Madame Carpentier envoie des violettes de Parme, des anémones simples et des prunes, mais surtout des artichauts et des pêches qui condamnent toutes les fleurs et natures mortes exposées auprès des siennes.

Madame Hélène-Gertrude Cohen, des tableaux de genre, des petites figures de femmes Louis XV dans des intérieurs du siècle dernier: des intérieurs froids et secs aux tons délavés, où de mélancoliques et frêles madame de Warens, à moins qu’elles ne soient d’Epinay, s’accoudent en peignoir à des petites tables de marqueterie ou s’accotent, nonchalantes, à des canapés un peu raides, tendus de vieux lampas à gros bouquets.

Et les déshabillés d’un bleu de lin ou d’un mauve assombri s’éparpillent en jolis plis sur le satin des meubles; les tailles qu’on sent fines et souples ont, les unes des redressements de guêpe, les autres d’adorables langueurs, telles les Belles Ecouteuses chères à Paul Verlaine et c’est le Bouquet et c’est au Boudoir, délicieux tableautins à peine peints, mais si savamment nuancés de coquetteries et de nonchaloirs.

Enfin, Louise Desbordes: le mystère de l’eau, l’attirance et le sourire ambigus des profondeurs glauques, des ténèbres mouvantes des étangs et de la mer.

Des luminosités les traversent et, dans de l’or en fusion, de la chair ou de l’ivoire s’irradie découpé, déchiqueté, enroulé autour de souples tiges, ivoire ou chair qui sont des visages de nymphes ou de fleurs.

GENRE
Fiction & Literature
RELEASED
2021
24 January
LANGUAGE
FR
French
LENGTH
430
Pages
PUBLISHER
Library of Alexandria
SIZE
897.8
KB

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