Champavert: Les Comtes Immoraux
Description de l’éditeur
1 roccoco :
une seule bougie placée sur une petite table éclairait
faiblement une salle vaste et haute ; sans quelques
chocs de verres et d' argenterie, sans quelques rares
éclats de voix, elle aurait semblé la veilleuse d' un
mort. En fouillant avec soin dans ce clair-obscur,
comme on fouille du regard dans les eaux-fortes de
Rembrandt, on déchiffrait la décoration d' une salle à
manger, de l' époque caractéristique de Louis Xv, que
les classiques inepto-romains appellent malicieusement
roccoco. Il est vrai que la corniche encadrant le
plafond était nervée et profilée en bandeau et à
gorge, sans la moindre parenté avec l' entablement de
l' eresichtoeum, du temple d' Antoninus et Faustina
ou de l' arc de Drusus ; il est vrai qu' elle était
sans saillie, larmier, coupe-larme et mouchette
chassant et rejetant la pluie qui ne pleut pas. Il est
vrai que les portes n' étaient point surmontées d' un
couronnement, dit attique, pour chasser les eaux de la
pluie qui ne pleut pas. Il est vrai que les arcades
n' avaient point en hauteur leur largeur deux fois et
demie. Il est vrai qu' on n' avait eu aucun égard aux
spirituels modules de l' illustrissimo signor
Jacopo Barrozio Da Vignola, et qu' on avait ri
au nez des cinq-ordres.