L’Allemagne religieuse et l’évolution du protestantisme contemporain
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Description de l’éditeur
Quelques mois avant le XIXe siècle, parut à Berlin, en cinq chapitres, un court volume intitulé : De la religion : Discours aux esprits cultivés parmi ses détracteurs. L’auteur, bientôt connu, s’appelait Schleiermacher. Il règne, depuis près de cent ans, sur le protestantisme allemand. Ses spéculations ont formé beaucoup d’esprits, ses méditations plus de consciences encore ; ceux qu’effraie son panthéisme sont captivés par son sens religieux ; si l’on ne suit pas ses déductions, l’on s’incline devant ses intuitions. Le philosophe, en lui, provoque des réserves ; mais on entrevoit, en même temps, un homme de haute et grave piété, une façon de prophète, à qui l’on s’abandonne. Où donc conduit-il, par quelles étapes et vers quel but ?
L’absorption du fini dans l’infini, de l’individu dans le tout, de la personne humaine dans cette immense œuvre d’art qui est l’univers : voilà le résumé du panthéisme. Le même être qui, considéré en sa multiplicité, s’appelle l’univers, est dénommé Dieu si on le considère en son unité ; tout homme est comme un phénomène de cette essence ; tout homme subit et recueille les pulsations de cet être universel. Dès lors, le sentiment de dépendance absolue de l’homme à l’égard de l’univers et le sentiment de dépendance absolue de l’homme à l’égard de Dieu se ramènent à une seule et même impression : la philosophie panthéiste aboutit au premier sentiment ; et quant au second, il est la meilleure définition que Schleiermacher puisse donner de la religion. Or l’intention de Luther, paralysée par deux siècles et demi de mesquineries théologiques et de religions d’Etat, fut de mettre l’homme en un rapport personnel avec Dieu ; Schleiermacher, avec des considérants panthéistes, ressuscite et réalise cette intention. Entre l’homme et Dieu, le « supranaturalisme » interposait une barrière de dogmes, le rationalisme une barrière de chicanes dogmatiques : d’une part un écran, qui interceptait la vérité ; d’autre part un tamis, qui la dénaturait en la voulant filtrer. C’en est fait de ces entraves. La religion est le sens intime du contact avec Dieu. Ce n’est point dans les livres, et ce n’est point non plus dans les traditions qu’elle a son siège, c’est dans notre cœur.