Le Salon de Mme Necker Le Salon de Mme Necker

Le Salon de Mme Necker

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Description de l’éditeur

La mode et le goût public ne sont plus de nos jours à la philosophie de l’histoire. Notre époque, curieuse des faits, assez dédaigneuse des théories, s’est éprise d’un intérêt passionné pour les moindres souvenirs d’un passé dont, par une contradiction singulière, elle répudie, de plus loin que jamais, les traditions politiques, mais elle prend un médiocre souci de ces belles généralisations auxquelles les écrivains du commencement du siècle se plaisaient à demander les secrets de l’avenir. L’érudition règne en souveraine dans le domaine des temps plus ou moins reculés, et peu s’en faut que l’art de déchiffrer des grimoires manuscrits ne soit tenu pour supérieur à celui de raconter les événemens avec art et d’en dégager le sens. L’abus de cette méthode conduira tôt ou tard, j’en suis persuadé, à quelque réaction, et l’on sera forcé de reconnaître qu’en dépit de certaines apparences ce sont encore les idées qui mènent le monde. Mais il faut avouer que nous aurons dû à cette méthode, à ses abus mêmes, bien des livres intéressans et bien des heures agréables. Tout disposé que je sois à me révolter parfois contre l’abus trop fréquent des papiers inédits, je demeure cependant sensible autant que personne à l’attrait de ces documens où les hommes, les femmes, qui ont vécu des siècles avant nous, semblent parler directement à notre oreille et nous faire l’aveu de leurs passions, de leurs artifices, de leurs joies, de leurs tristesses. Si ces confessions involontaires offrent déjà tant d’intérêt lorsque par la voix d’un livre elles s’adressent en même temps à des milliers de lecteurs, qu’est-ce donc lorsque vous devez à quelque circonstance propice de les entendre seul à seul, en fouillant dans des archives inexplorées, lorsque vous tenez entre vos mains ces feuilles jaunies où l’ardeur de sentimens passagers s’est inscrite en traits dont la durée semble une ironie, lorsque la poudre qui a servi à sécher l’écriture s’attache encore au rude papier d’autrefois et vous montre que votre main indiscrète a été la première et la seule à remuer ces cendres du passé ? La moindre feuille de papier s’anime alors d’une vie singulière ; une lettre, un brouillon informe, quelques mots tracés à la hâte sur une enveloppe ou sur le dos d’une carte à jouer, vous paraissent dignes d’être déchiffrés à tout prix, car c’est la voix affaiblie d’un être humain qui arrive encore à votre oreille. Il y a même dans ces découvertes une sorte de mirage dont, au point de vue de la publication, on doit se méfier ; mais tant que ce mirage dure, il faut convenir que l’illusion en est singulièrement enivrante et douce.

GENRE
Romans et littérature
SORTIE
2016
28 octobre
LANGUE
FR
Français
LONGUEUR
357
Pages
ÉDITIONS
Library of Alexandria
TAILLE
812,7
Ko

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