Le Sociographe 74. Le social : entre mauvaises langues et langue de bois
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Publisher Description
Dans un contexte où l’intervention sociale et médico-sociale élabore sa propre langue en empruntant à l’entreprise ses items (objectifs, résultat, rationalisation, efficacité, contrat, projet, évaluation, etc.), au champ de la santé ses outils (diagnostic, symptôme, intervention, pathologie, prise en charge, etc.), et au management ses paradigmes, questionner la langue apparaît essentiel. Derrière un terme que le langage des professionnels absorbe, des modèles de pensée s’invitent, une manière de façonner la réalité aussi, jusqu’à la réduire ou l’essentialiser. Il y a de fait chez les travailleurs sociaux, une « politique de la langue », et les termes eux-mêmes s’inscrivent pour certains dans un schéma performatif : en agissant notamment du simple fait d’être prononcé.
De fait, l’expression mobilisée par les professionnels du champ ne contribuerait-elle pas à induire, voire pervertir, annihiler, altérer la pensée ? Les éléments de langage constitueraient-ils aujourd’hui une menace pour l’agir professionnel ? De quelle manière d’ailleurs la langue contribue-t-elle à orienter les manières de penser et d’agir ? En quoi les référentiels métiers participent-ils d’une forme de déshabillage des cœurs-métiers propres aux professions de l’intervention sociale ? En se dégradant, la langue ne menace-t-elle pas l’appréhension objectivée de la réalité ? Les slogans-prototypés « poser le cadre », « être acteur de son projet », « évaluer un accompagnement », etc., n’imposent-ils pas des propositions erronées du simple fait de leur répétition ?