"Toi Qui Me Vois Mondaine." Poesie, Mondanite, Et Ecriture Des Femmes: Les Tentations De Simone Routier (The Temptations by Poet Simone Routier) (Book Review) "Toi Qui Me Vois Mondaine." Poesie, Mondanite, Et Ecriture Des Femmes: Les Tentations De Simone Routier (The Temptations by Poet Simone Routier) (Book Review)

"Toi Qui Me Vois Mondaine." Poesie, Mondanite, Et Ecriture Des Femmes: Les Tentations De Simone Routier (The Temptations by Poet Simone Routier) (Book Review‪)‬

Quebec Studies 2004, Fall-Winter, 38

    • 2,99 €
    • 2,99 €

Descrizione dell’editore

De tous les masques sous lesquels les ecrivains se presentent a leurs lecteurs, celui du mondain est sans doute un des moins usuels, particulierement dans le cas des ecrivains quebecois du vingtieme siecle. Trop de connotations negatives y sont rattachees. Or, c'est precisement celui que choisit Simone Routier, dans une adresse au lecteur d'un de ses recueils de poemes, Les tentations (1934). Par deux fois, celle-ci y interpelle directement le lecteur. Dans le premier, simplement intitule "Lecteur" (9), poeme inaugural de l'ouvrage, un parallele est trace entre une sensibilite postulee, celle du lecteur, et une sensibilite affirmee, marquee par les deux grandes "tentations" du voyage et de l'amour, celle du sujet lyrique. Anime par l'interrogation implicite, "n'as-tu pas, comme moi, lecteur, connu ces invitations fievreuses?," ce poeme liminaire fonde l'experience poetique sur une communaute emotionnelle. Mais, au passage de la premiere a la deuxieme partie, une difficulte semble menacer la correspondance parfaite et necessiter une seconde intervention auctoriale. Dans cette nouvelle apostrophe, intitulee "Dedicace" (95-96), ce n'est plus ce qui anime la sensibilite de la poete, mais la verite, la sincerite de cette sensibilite qui est abordee. On y affirme fortement la valeur de la parole poetique, le caractere moral de l'enonciatrice, en faisant du narrataire un "lecteur comprehensif" qui devine, grace a sa propre sensibilite, ce qui se cache sous les mots. Comme l'exprime l'anaphore "toi qui," (1) ce lecteur est celui qui connait, qui comprend l'enonciatrice. Or, parmi les vers developpant ce theme, on decouvre l'expression "Toi qui me vois mondaine...." Que vient faire la mondanite dans un poeme clamant l'inevitable precedence du sentiment sur l'art, la litterature? Dans quelle mesure la connaissance de cette mondanite permettrait-elle de mieux comprendre la sensibilite du sujet lyrique et, ce faisant, la nature meme de son projet poetique? En un mot, que faire de l'image de la "poetesse mondaine" esquissee dans ces vers? L'on pourrait apporter a ces questions une reponse simple, que la paraphrase des vers incrimines permet de degager. "Toi qui me vois mondaine, ecoutant des aveux / Et m'abandonnant souple au tango des usages" (96) peut se lire comme l'expression de la mobilite emotionnelle, de l'inconstance du coeur signalee plus bas dans ce poeme--"Toi qui n'ignores pas que l'on puisse etre ardent/Las, amoureux, blase, triste et fou, selon l'heure" (96)--en meme temps que la confession voilee de fautes inherentes au flirt et a la superficialite des rites sociaux. S'en tenir la serait toutefois passer a cote de questions beaucoup plus complexes et beaucoup plus interessantes au sujet des rapports entre poesie, mondanite, et ecriture des femmes dans l'entre-deux-guerres. Je soutiendrai ici qu'une meilleure comprehension de ces rapports est indispensable a qui souhaite reconstituer l'univers litteraire du debut du vingtieme siecle. Car, en France comme au Canada francais, les mondains jouerent un role considerable bien que largement oublie dans les sociabilites et dans les luttes pour la definition des criteres du bon gout. Une part non negligeable de la production litteraire alors en vogue etait d'ailleurs percue comme relevant de cette zone floue mais fortement chargee de sens: la litterature "mondaine." Conjuguer mondanite et poesie, comme le fait Routier, etait donc rien moins qu'innocent, etant donne les connotations multiples et souvent negatives associees a la mondanite. Cette exploration conduit par ailleurs a une reevaluation du role joue par le "grand monde" dans la legitimation de la production artistique et litteraire des femmes, en France aussi bien qu'au Canada francais, comme nous le verrous.

GENERE
Storia
PUBBLICATO
2004
22 settembre
LINGUA
FR
Francese
PAGINE
21
EDITORE
American Council for Quebec Studies
DIMENSIONE
231,3
KB

Altri libri di Quebec Studies

La Litterature Quebecoise En Regard Des Autres Litteratures Francophones: Enjeux Et Configurations D'un Rhizome. La Litterature Quebecoise En Regard Des Autres Litteratures Francophones: Enjeux Et Configurations D'un Rhizome.
2010
L'ontario Francais: Un Espace Humain, Culturel, Et Litteraire a Decouvrir (Editorial) L'ontario Francais: Un Espace Humain, Culturel, Et Litteraire a Decouvrir (Editorial)
2008
Sharing Waters: The Challenge of Understanding the Other (Presentation) Sharing Waters: The Challenge of Understanding the Other (Presentation)
2006
"Un Hurlement De Bete Blessee": Desir, Pouvoir Masculin, Et Parole Feminine Dans Vers Le Sud De Dany Laferriere (Critical Essay) "Un Hurlement De Bete Blessee": Desir, Pouvoir Masculin, Et Parole Feminine Dans Vers Le Sud De Dany Laferriere (Critical Essay)
2011
Aux Frontieres De L'identite: L'imaginaire De La Diaspora Chez Michel Tremblay Et Nicolas Dickner (Critical Essay) Aux Frontieres De L'identite: L'imaginaire De La Diaspora Chez Michel Tremblay Et Nicolas Dickner (Critical Essay)
2011
L'heritage De Miron a L'hexagone (Gaston Miron) L'heritage De Miron a L'hexagone (Gaston Miron)
2011