Oniriques

Ces textes, même de plein jour, viennent de la nuit. Celle du sommeil, ou plus souvent du semi-réveil, mais tout aussi bien de cette nuit qui ne nous quitte jamais complètement, pleine d’irrésolutions, de Cocagnes en instance, d’amarres qu’il faudrait dénouer, de morts plus ou moins connus qui scandent votre vieillissement, de masques, de sexes et de patronymes échangés, de cartes fausses cachées dans la manche, et qu’on n’ose pas jouer, parce qu’elles sont vraies.

Ils ne savent s’il leur faut rire ou pleurer, déchirer ou caresser, s’il leur suffit de vingt lignes ou si huit pages c’est encore trop court. Ils ne savent rien que leurs gambades et leurs contorsions, rien que le bruit qu’ils font, pour donner le change, et recouvrir ce bruit interne, profond, implacable et inaudible, celui que fait notre vie en frottant contre celle des autres et contre elle-même.

Et, pour secouer rêves et rêveries, et surtout les cauchemars, j’ai terminé par un récit non pas vrai -ils le sont tous- mais véridique, venu de la guerre d’Algérie. Texte diurne et même de plein soleil, mais nuit ou jour c’est finalement, comme on dit, du pareil au même...