Un roi devant ses pairs, où l'on considère la clémence indéfinie comme le seul moyen, pour une dynastie populaire, de se faire pardonner son origine, par A.-M. Madrolle

UN grand Procès est pendant, le plus extraordinaire des procès dont l’histoire ait rendu ou rendra jamais compte, et de la seule agitation duquel le sort de la France dépend peut-être.

Tout ici, en effet, parle énergiquement, et haut :

Le nombre, la masse, et, si on peut Je dire, la population des accusés ;

La qualité du plus grand nombre, jeunes, sans expérience, et pauvres : trois malheurs de la nature et trop souvent de la société, qui ne justifient pas, mais qui excusent, l’impatience, alors même qu’elle se fait révolte ;

Le caractère des principaux accusés, dont plusieurs ont des égaux, et peut-être des subordonnés, dans les plus hauts rangs de la France nouvelle ; et jusque dans la Cour de justice, si improprement appelée de leurs Pairs ;

Leur but ; le plus hardi, le plus large, le plus séduisant pour le cœur humain, parce qu’il a toutes les apparences de la justice naturelle, et même de la générosité : la République ;

Et ce but si honorable, si légitime, si consciencieux, on peut le dire, à certaines époques d’effervescence sociale (car il faudrait toute la sagesse, et tout le génie d’un grand homme, pour croire à la vérité de la monarchie lorsqu’on voit les crians abus de la monarchie), qu’on ne fait nulle difficulté de l’avouer, l’œil doux et le front haut, avant, pendant et après son manquement ou son atteinte ;

Le nombre des avocats, et des avocats d’avocats, plus grand encore que celui des accusés ;

Leurs qualités : il s’en trouve un qui s’était constitué, pendant vingt années, le champion ardent du Souverain Pontife !

Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.