Ca ne fait de mal à personne

Rick Miller, magnat de l’industrie pornographique, et Tony Iles, propriétaire tentaculaire d’établissements de plaisir, règnent sur la nuit londonienne. Deux types en acier trempé (rital contre cockney), qui préfèrent s’ignorer. Dans ce climat tendu de mafia, un tournage de film X, avec acteurs blasés et séquences bien huilées, va se transformer en scène de crime. La police et Kirsty, une jeune journaliste ambitieuse et amie de la victime, patinent. Au retour d’un restau, Tony Iles visionne mollement un porno produit par le fils de son ennemi, quand son regard se fige : sur son écran géant, la jeune actrice X sur le point d’être sodomisée est sa fille, et elle n’a que quatorze ans. Cette légère erreur de casting conduit les deux caïds à s’entredévorer. Dès lors, quêtes et enquêtes s’entremêlent, policière, journalistique, sentimentale et familiale, ancrées dans le monde interlope de la pornographie et de la nuit. La frontière entre la vertu des uns, les vices des autres (et vice et versa) se révélant parfois bien mince. Avec Peindre au Noir, son précédent ouvrage (Fayard Noir), Russell James signait un roman noir contemporain irrigué d’histoire (notamment nazie). Ici, il privilégie une écriture de l’action. Nerveuse, incisive, subversive, elle lui permet d’éclairer les zones troubles de la nature humaine, comme entre chien et loup, d’où il semble extraire la moelle même de ses romans.