LE MAS DE L'ESPINAS

« Vous êtes fous » leur disait-on. « Acheter des cailloux dans un hameau perdu des Cévennes ardéchoises à votre âge, ce n’est pas sérieux ». 


Et justement, ils l’ont fait alors qu’il n’avaient qu’une vingtaine d’années.  

Ils ont commencé par faire diviser le prix par deux à un propriétaire qu’ils surnommaient Picsou et bien que citadins, ils ont réussi à se faire apprécier par des paysans cévenols au point que le Maire leur a déclaré qu’il serait heureux de les marier.


Les 20 premières années furent heureuses et virent se dérouler des grands travaux, couronnés par le classement  au titre des monuments historiques en 1988. Mais ensuite, il fallut supporter de refaire deux fois des toitures en lauzes ratées et des malfaçons de toutes sortes sans jamais se décourager. Et pourtant, tout avait été fait dans les règles. Ce qui explique qu’après avoir été « intégristes, tendance ayatollah » en matière de respect des matériaux et des techniques, les auteurs  soient devenus pragmatiques. 

Pour bien saisir les qualités architecturales de la maison, il fallut  relire Viollet Le Duc puis  s’inspirer de sa pensée pour créer un porche qui n’existait pas mais qui s’inscrit harmonieusement dans l’esprit du temps. 


Le mas est très isolé puisque l’on y accède seulement par une piste  : une video montre d’ailleurs comment le rejoindre sous les trombes d’eau des pluies cévenoles en traversant directement la forêt.  Mais il  recèle des caractéristiques  architecturales exceptionnelles bien plus originales que dans les châteaux alentour :  Une cuisine voutée unique en son genre, une grange du XVIIe avec sa charpente d’origine et d’autres trésors inexplicables comme cinq porches au profil rarissime, un four à marguerite ou une cachette secrète dissimulée  dans un mur. Pourquoi autant de prouesses aussi extraordinaires que discrètes ? Pour défier le temps ? Pour le Beau ? Pour la transcendance ? 


Pour conserver le même enthousiasme après 50 années, il est indispensable d’équilibrer le travail et le plaisir. Depuis le début, la maison a accueilli des fêtes, des conférences et des concerts et elle poursuit cette tradition, les vidéos le montrent.


Le livre révèle enfin ce qui a permis aux auteurs de conserver intact leur enthousiasme : d’abord savoir laisser du temps au temps, ensuite pratiquer le lâcher-prise et ne pas se prendre la tête, enfin, avoir des idées claires sur ce que l’on veut vraiment en gardant de la constance associée à de la patience.


Comme tous les livres de Communiquance, on y trouvera un texte très riche et bien documenté, une dizaine de vidéos et plus de 800 photos toutes commentées.