Le S.N.E.P. Une histoire en débat

À ceux que l’histoire du syndicalisme et du syndicalisme enseignant intéresse, les contributions réunies dans ce volume permettront de comprendre l’imbrication de l’histoire du SNEP  (Syndicat National de l’Éducation Physique) dans celle du syndicalisme enseignant et de saisir cette part d’originalité qui justifie l’existence d’un syndicat spécifique aux professeurs d’éducation physique. L’itinéraire du SNEP de 1944 à nos jours, les principales caractéristiques de son activité sont en effet mal connues, et c’est là une lacune qu’il convient de combler.

Deux dimensions ont été privilégiées par leurs auteurs. Les uns se penchent sur la dimension politique de cette histoire et interrogent notamment les conséquences de la proximité des dirigeants de la tendance « unité et action » avec la CGT et le Parti communiste.  Jean-Luc Martin a le souci de montrer la prégnance de la culture politique communiste qui sature le discours syndical et dicte un mode de fonctionnement et d’action. Guilhem Véziers examine les conditions d’une rencontre entre une culture politique et une profession, Benoît Caritey appréhende les représentations des enseignants d’Education Physique et Sportive vis-à-vis de leur syndicat et de l’éventuelle « politisation » de son action après 1969.


Les autres contributions montrent que la dimension corporative et professionnelle est importante à prendre en compte si l’on veut comprendre certains aspects de l’histoire syndicale. Michaël Attali souligne que le point de vue du SNEP sur les réformes éducatives avant 1981 traduit les ambiguïtés de certains a priori politiques et l’articulation du corporatisme avec l’ambition professionnalisante du SNEP. Jacques Rouyer retrace les démarches entreprises après 1969 pour faire aboutir la revendication de rattachement de l’EPS au ministère de l’Éducation nationale, et atteste l’importance pour les dirigeants syndicaux de cet enjeu institutionnel. Guy Lapostolle montre que le SNEP adopte face aux propositions du rapport Legrand (1983) et à la politique mise en œuvre par Alain Savary (1981-1984), une attitude peu conforme à la ligne UA, invitant à penser que la dimension professionnelle est plus prégnante que la dimension politique.

Une façon de faire le point sur le débat qui oppose actuellement les défenseurs et les détracteur du bilan syndical de ces trente dernières années.