La journée d'un journaliste américain en 2889
Descripción editorial
Cette nouvelle, La journée d’un journaliste américain en 2889, assez peu connue et bien mystérieuse, recèle bien des trouvailles matérialisées aujourd’hui. Verne aura anticipé la visioconférence, les centres d’appels, la calculatrice, les énergies alternatives, les transports en commun à très grande vitesse, le règne du journalisme raconté — et pas écrit — ou encore l’étude et le sondage d’autres planètes, sujet de Curiosity bien d’actualité. Il ne tiendra évidemment qu’au lecteur de replacer la nouvelle dans son époque pour en déterminer son réel intérêt.
En effet, ce qui a malheureusement fait la notoriété de ce texte est que nous ne pouvons encore dire avec certitude aujourd’hui quel Verne l’a écrit. Quelques recherches permettent de rétablir une vérité assez fragile : il est probable que Michel Verne, le fils, en soit l’inventeur et Jules, le perfectionniste. Petit arrangement de famille que la tradition littéraire n’aura pas retenu… mais que les lecteurs n’hésitent pas à mettre en avant désormais. En approfondissant, on découvre qu’un certain James Gordon Bennett, puissant et richissime propriétaire du New York Herald, aurait commandé cette nouvelle que Jules n’écrira jamais. Michel acceptera indirectement l’invitation trois ans plus tard, non sans cynisme et ironie, pour le journal The Forum.
Il est assez difficile de savoir si les lecteurs du XIXe siècle se sont amusés ou découragés à la lecture de cette vision sinistre du monde, où toutes les dérives journalistiques sont énumérées : monopole centralisé, traitement des sujets selon la publicité, influence sur les États, etc. Ce que nous pouvons deviner en tout cas, c’est que les lecteurs y trouveront toujours un écho.
Cette nouvelle revêt un autre intérêt puisque la traduction française se libère assez franchement du texte d’origine à plusieurs occasions, si bien qu’il nous a paru nécessaire de présenter les deux textes pour les lecteurs bilingues. Le propriétaire Smith, par exemple, est renommé Bennett dans la version française, sans que nous ne pouvions déterminer s’il faut y voir un clin d’œil amical ou, au contraire, une attaque satirique. Il faut dire que le ton léger employé par l’auteur pour relater de sujets graves n’aide pas.
Nous vous souhaitons une très bonne lecture et espérons que notre travail permettra aux lecteurs ayant déjà croisé cette nouvelle de la redécouvrir !