Un coq chanta
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- S/ 12.90
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Descripción editorial
- MADAME BERTHE D'AVANCELLES avait jusque-là repoussé toutes les supplications de son admirateur désespéré, le Baron Joseph de Croissard. Pendant l'hiver à Paris, il l'avait ardemment poursuivie, et il donnait pour elle maintenant des fêtes et des chasses en son château Normand de Carville.
Le mari, Monsieur d'Avancelles, ne voyait rien, ne savait rien, comme toujours. Il vivait, disait-on, séparé de sa femme, pour cause de faiblesse physique, que Madame ne lui pardonnait point. C'était un gros petit homme, chauve, court de bras, de jambes, de cou, de nez, de tout.
Madame d'Avancelles était au contraire une grande jeune femme brune et déterminée, qui riait d'un rire sonore au nez de son maître, qui l'appelait publiquement «Madame Popote» et regardait d'un certain air engageant et tendre les larges épaules et l'encolure robuste et les longues moustaches blondes de son soupirant attitré, le Baron Joseph de Croissard.
Elle n'avait encore rien accordé cependant. Le Baron se ruinait pour elle. C'étaient sans cesse des fêtes, des chasses, des plaisirs nouveaux auxquels il invitait la Noblesse des châteaux environnants.
Tout le jour, les chiens courants hurlaient par les bois à la suite du renard et du sanglier, et, chaque soir, d'éblouissants feux d'artifice allaient mêler aux étoiles leurs panaches de feu, tandis que les fenêtres illuminées du salon jetaient sur les vastes pelouses des traînées de lumière où passaient des ombres.
C'était l'automne, la saison rousse. Les feuilles voltigeaient sur les gazons comme des volées d'oiseaux. On sentait traîner dans l'air des odeurs de terre humide, de terre dévêtue, comme on sent une odeur de chair nue, quand tombe, après le bal, la robe d'une femme.