Bernanos, le mal-pensant
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"J'ai mené une vie de chien, voilà le sûr. Je dis une vie de chien, non pas une chienne de vie - je ne regrette pas de l'avoir menée, mais elle a vraiment trop servi, trop souffert, il a trop plu dedans, il est inutile de la fermer à clé, j'ai bien le droit d'y laisser entrer les passants, il ne reste pas un prestige à casser. " Ainsi se confesse Georges Bernanos, à 51 ans, Bernanos journaliste, pamphlétaire et romancier. Il se livre très tôt à la critique morale de la politique, dénonçant avec véhémence la faillite de la bourgeoisie française : c'est La Grande Peur des bien-pensants (1930). D'abord favorable aux franquistes, Bernanos s'élève cependant contre la collusion de l'Eglise avec Franco et Maurras (Les Grands Cimetières sous la lune, 1938). Puis il dénonce l'imposture de Vichy : exilé au Brésil pendant la deuxième guerre, il devient l'un des animateurs spirituels de la Résistance. Ce qui ne l'empêche pas de s'éloigner de De Gaulle en 1945... Ainsi était Bernanos, contradictoire et incasable, fasciné par le mal, pathétique et vivant. Il déménage des dizaines de fois dans l'entre-deux-guerres, refuse la Légion d'honneur, refuse l'Académie française... Et il écrit. Il compose en dix ans l'essentiel de son oeuvre romanesque, spirituelle et douloureuse. Lui, sa femme, leur ribambelle d'enfants, traversent une vie hors des normes.