La Chine et l'Egypte après le printemps arabe
Combler le vide?
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Depuis le début de la décennie 2010, les pays du Moyen-Orient (MO) se trouvent confrontés à une série de crises qui tendent à se régionaliser et s'internationaliser. Lire la suite
Pour y faire face, les acteurs locaux cherchent à diversifier, voire à réviser leurs alliances internationales traditionnelles. Coïncidant avec un activisme diplomatique et économique plus affirmé de la part de pays émergents, cette évolution ouvre des opportunités croisées nouvelles. C'est le cas pour la Chine qui a significativement accru sa présence partout au MO depuis près d’une décennie, et singulièrement en Égypte.
Si jusque dans les années 1990, le MO ne faisait pas partie des priorités chinoises, Pékin n’en était cependant pas absent. De fait, dès les années 1950, la République populaire de Chine a développé des intérêts et des liens avec certains acteurs, parmi lesquels, un des plus importants, l’Égypte. Initialement fort dépendantes des aléas de la Guerre froide, ces relations ont connu une évolution substantielle à partir de la fin de la décennie 1970 avant de s’intensifier sous la présidence d’Hosni Moubarak.
Le « printemps égyptien » de 2011, loin de remettre en cause les rapports établis entre Pékin et Le Caire, a au contraire permis une nouvelle accélération et un approfondissement de leurs relations. Sous la présidence d’Abdel Fattah al-Sissi, alors que Pékin a mis en avant dans sa politique étrangère l’initiative Belt and Road dont l’Égypte est partie prenante, les deux pays ont conclu un
« partenariat stratégique complet », lequel ouvre la voie à de nouvelles perspectives tout azimut.
Ce rapport offre pour la première fois une analyse détaillée de l’évolution des relations complexes entre la Chine et l’Égypte des années 1950 à aujourd’hui, avec une attention particulière portée sur l’évolution des rapports bilatéraux depuis 2011. Au-delà, l’analyse permet d’appréhender comment cette évolution participe d’une plus grande multi-polarisation de la scène internationale.
Elena Aoun est professeure et chercheure en relations internationales à l’Université catholique de Louvain et membre du CECRI et du GERMAC. Titulaire d’un doctorat en Études politiques de Sciences Po Paris (2007), elle est notamment impliquée dans un projet ARC intitulé : « Resistance to international prescriptions and injunctions in Africa and the Middle East today ». Elle collabore également entre autres avec Thierry Kellner sur les stratégies des puissances émergentes à l’égard du Moyen-Orient.
Thierry Kellner est Docteur en relations internationales de l’Institut universitaire de hautes études internationales de Genève ; maître de conférence à l’ULB, chercheur associé à plusieurs centres de recherches de l’ULB (REPI, EASt, CECID, OMAM, IEE) ainsi qu’au GRIP. Il est l’auteur de nombreuses études portant entre autres sur la politique étrangère de la Chine, la géopolitique de l’Asie centrale, le golfe Persique, l’histoire et la politique asiatique de l’Iran.