La société (1). Une théorie générale
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Et si Marx avait encore quelque chose de neuf à nous apprendre ? Par exemple : à faire fonctionner la théorie sociale — qu’il a fondée — de façon à rendre les sociétés contemporaines, intelligibles en tous leurs aspects. Les sociétés contemporaines. Celles dont les ressorts intimes ont été dévoilés par Le Capital ; celles, aussi, dont des révolutions, qui se voulaient socialistes, ont accouché ; celles, enfin, que le reflux colonial a laissées sur le sable. Trois mondes où presque tous les types de formation sociale, dont l’histoire porte trace, demeurent vivants. Trois mondes qui relèvent d’une théorie générale de la société. En tous leurs aspects. Marx a consacré le meilleur de son œuvre à l’analyse des structures économiques. Les États et les structures politiques, les Appareils et les structures idéologiques, les Systèmes internationaux, figurent en pointillés hésitants sur les cartes qu’il a tracées. Comme il se doit, les cartes incertaines ont égaré les explorateurs. Ceux-ci ont fait connaître un marxisme qui maîtrisait mal sa propre dimension idéologique. Ils ont socialisé quelques économies, mais en ont fait derechef la pâture d’États-Patries-Patrons. La société, comme objet économique, politique et idéologique, inscrit dans un système mondial contraignant, requiert un effort théorique redoublé. Car, enfin, si l’on veut transformer la société, si l’on veut construire le socialisme, autant savoir ce que société veut dire. Ainsi, Marx a encore quelque chose de neuf à nous apprendre. Surtout si l’on sait, comme lui, refuser de devenir marxiste, c’est-à-dire prisonnier d’une orthodoxie.