Thomas Mann

Le nom de Thomas Mann évoque tout d’abord La mort à Venise, souvent à travers le film de Visconti, le premier roman Les Budenbrook, puis les grands romans de la maturité. Mis à part les deux premiers ouvrages cités, l’œuvre de jeunesse de Thomas Mann est beaucoup moins connue. Il s’agit des premiers pas en littérature d’un jeune homme qui cherche à la fois sa place dans la société après avoir quitté sa ville natale du nord de l’Allemagne et dans le monde des lettres au début du XXe siècle, une période marquée par l’idée de décadence et tiraillée entre des courants divers qui sont, la plupart du temps, des résurgences de mouvements antérieurs.


Cet essai se propose, à travers les courts récits et nouvelles qui constituent l’œuvre de jeunesse, de mettre en évidence les problèmes qui préoccupent l’auteur : la condition de l’artiste à travers le processus de création, sa place dans la société bourgeoise, la tension entre l’art et la vie, le rapport avec les grandes personnalités qui ont marqué son éducation, tels Nietzsche, Schopenhauer et Wagner, à travers des personnages typiques comme le dilettante ou des originaux en marge de la société.


La recherche d’une place dans la société correspond à la recherche d’une forme et d’un style personnels. À travers des expériences diverses, le jeune Mann se réclame finalement des valeurs de la bourgeoisie intellectuelle de l’époque de Goethe en développant des caractéristiques propres, telle l’ironie, qui marqueront durablement son œuvre postérieure.

Ancien élève de l’ENS de Saint-Cloud, Jean-Luc Gerrer enseigne la littérature et la civilisation allemandes à l’université de Bourgogne - Franche-Comté.