Intertextualite Dans La Reception Critique De La Litterature Quebecoise Au Canada Anglais (Une Saison Dans La Vie D'emmanuel) (Les Fous De Bassan ) (Volkswagen Blues ) (Critical Essay)
Quebec Studies 2008, Spring-Summer, 45
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"Toronto, New York sont-elles autant que Paris des instances de consecration de la litterature quebecoise depuis les annees quarante?" s'interroge Barbara Godard (495) dans un article qu'elle consacre a des ecrivaines quebecoises. Si depuis ses debuts la litterature quebecoise est lue dans un double rapport de rapprochements et de differenciations avec la litterature francaise, le Canada anglais montre un interet notable pour cette litterature depuis au moins la Revolution tranquille, periode au cours de laquelle "les textes litteraires quebecois commencent a susciter des commentaires critiques hors des frontieres du Quebec" (Beaudoin 481). Or, le lectorat et la critique anglophones ne partageant pas les traditions et references litteraires francophones, il y a lieu de se demander comment ils apprehendent l'intertextualite des textes quebecois. Michael Riffaterre nomme intertextualite "la perception, par le lecteur, de rapports entre une oeuvre et d'autres, qui l'ont precedee ou suivie" (4). Cette definition souligne a juste titre l'importance de l'acte de lecture dans les etudes intertextuelles. En effet, comment percevoir ce que Laurent Jenny definit de son cote comme le "travail de transformation et d'assimilation de plusieurs textes opere par un texte centreur qui garde le leadership du sens" (262) (1) si le lecteur ne detecte pas la presence plus ou moins fantomatique d'autres textes dans celui qu'il lit? La question du partage des references litteraires et culturelles est au centre du probleme. Ce questionnement est d'autant plus crucial que l'intertextualite est une pratique a la fois fondamentale et capitale de la litterature quebecoise, notamment du roman. Il convient de soulever ici ce qui est peut-etre la principale difficulte d'un tel sujet, a savoir la permeabilite entre la critique anglophone et francophone au Canada. Ainsi, se pose la question de la delimitation des articles retenus: faut-il prendre en compte des auteurs de nora anglophone mais publiant dans des revues francophones? Et inversement, des auteurs francophones publiant dans des revues anglophones? Le critere de la langue de publication peut-il etre retenu dans un domaine d'etudes ou le bilinguisme est monnaie courante? Il apparait egalement parfois pertinent de faire reference aux recherches et aux critiques parues aux etats-Unis, les points de vue et les conclusions pouvant souvent etre apparentes a ceux du Canada anglophone. Il est evident que des phenomenes tels que la mobilite des chercheurs ou la curiosite suscitee par une oeuvre quebecoise a l'etranger brouillent les frontieres. Notre parti a donc consiste a nous appuyer principalement sur des textes publies au Canada anglais et / ou par des auteurs anglophones, meme s'il est vrai que nous avons recouru a plusieurs reprises a des journaux, des revues, et des auteurs francophones, notamment pour montrer les possibles ecarts de traitement entre les deux critiques. Comment des lors la dimension intertextuelle du roman quebecois est-elle percue lorsque celui-ci est amene a voyager hors Quebec, notamment par le biais de traductions? Comment les provinces anglophones apprehendent-elles, a travers leur lecture informee par leur propre tradition litteraire, cette pregnance de l'intertextualite dans le roman quebecois? Et dans quelle(s) mesure(s) la critique anglophone prend-t-elle en compte ces pratiques intertextuelles?